Trois jours en Australie et la question qu’on nous pose maintenant, c’est « Ca doit vous dépayser, non ? »
La réponse est curieusement « oui et non ».
Alors OK, ça fait le mec blasé qui a tout vu, mais je m’explique:
Nous sommes à Taringa, une banlieue paisible de Brisbane, dans le monde très normalisé des métropoles occidentales. Pour quiconque a déjà séjourné dans ce genre de banlieue, aux Etats-Unis, au Canada, mais aussi en Angleterre, certains éléments du décor sont très familiers. L’urbanisme est très curieusement semblable, les panneaux et les plaques d’immatriculation sont les mêmes qu’en Amérique du nord, si on ajoute les enseignes des grandes multinationales, on n’a pas forcément l’impression d’un exotisme terrible. C’est certainement plus étrange encore pour les nord-américains. Paul, un ami canadien, me disait que pour lui, ça ne valait pas vraiment le coup de traverser la planète pour se retrouver dans son milieu familier. J’imagine: on fait 24 heure d’avion et on se retrouve à Rouen! Au moins, il y a le dépaysement de se retrouver en milieu anglophone, mais il est à la limite plus fort entre Dieppe et Brighton qu’entre Brighton et Brisbane. (Et puis il y a le mobilier à 95% Ikea de l’appartement où nous sommes qui n’aide pas non plus.)
Cela dit, on est quand même de l’autre côté de la planète et il serait étrange que rien ne nous frappe!
J’ai déjà parlé des jacarandas en fleurs, des chauves souris géantes, du cris des oiseaux le matin. Et puis il y a quelques détails qui apparaissent comme en fondu enchaîné qui nous font entrevoir que notre réalité est maintenant autre:
En traversant un petit parc pour aller au supermarché, on a croisé un gros lézard d’une quarantaine de centimètres et un cacatoès. Le soleil se couche à 17h30 alors qu’il fait beau et chaud… Mais ce qui me fait parler de fondu enchaîné, c’est ce tout petit détail que je trouve très caractéristique du type de dépaysement que nous vivons:
Samedi soir, Fortitude Valley, l’endroit qui bouge le weekend à Brisbane. Des jeunes en goguette dans tous les sens, et une rue, somme toute assez courte, où se concentrent les bars branchés. Sous un petit porche, un mec avec une guitare électrique jour le solo de Hotel California (ç’aurait pu être Smoke on the Water). La scène est classique, le soir dans la rue; rien de dépaysant. Le musicien est un aborigène.