Hanté par 50 grammes de baleine

Je ne sais pas si c’est culturel ou inné, mais j’ai l’impression qu’on se sent plus proche des mammifères que des autres espèces. Dans l’ordre compassionnel, en ce qui concerne le règne animal terrestre, on s’inquiète assez peu des bactéries, virus, et autres microorganismes, on écrase facilement les insectes et archnides (à l’exception de la coccinelle, ce qui me ferait pencher pour un comportement plutôt culturel), on n’aime pas vraiment les reptiles (mais les exceptions sont plus nombreuses : tortues, lézards, salamandres), on se sent déjà plus enclin à aimer les oiseaux, même si les toucher est une autre affaire, et pour notre famille, les mammifères, on inverse radicalement la tendance (seuls les rongeurs font office de boucs émissaires). Je ne vais pas refaire la liste pour tout ce qui vit dans l’eau, mais il y a quelques chose en nous qui préfère les dauphins aux lottes et les baleines aux bigorneaux.

J’ai donc mangé 50 grammes de baleine de Minke.

Je me sens cannibale. Un peu comme je me sentais meurtrier quand nous avons tué un kangourou sur la route (un marsupial, ok, mais je le compte comme mammifère).

Du coup je cherche toutes les rationalisations possibles. Celle-là était très méchante. Elle aurait voté marine. Ça ne tient pas.

La baleine de Minke est une des moins menacées. Bon. C’est déjà ça.

  
 Le lendemain, nous sommes sortis en mer pour justement observer nos cousines. En cette saison, on peut voir des Minke et, si on a de la chance, des baleines à bosses.

On a vu des dauphins à bec blanc.

Ça m’apprendra à manger 50 grammes de cette créature.

 J’espère seulement que les 999,95 kg restants ont été bien traités.