Sur la route (3a) – Les histoires qu’on apprend [l’Australie]

Pour éviter de ne voir le pays qu’à travers le filtre de mes références, j’ai emporté sur la route de quoi comprendre un peu plus l’Australie et ses spécificités. Géographiquement, je commence à me faire ma petite idée, historiquement et culturellement, je suis encore loin du but.

Un peu d’histoire, donc:

Le peuplement de l’Australie a commencé il y a environ 60 000 ans, un mardi, soit 10 à 20 millénaires avant que l’Europe ne décongèle et se couvre d’humanoïdes.

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Niveau des eaux à la dernière glaciation
(source: wikipedia)

En arrivant à pied sec ou à bord de pirogues, les humains qu’on appellerait plus tard Aborigènes ont connu un continent moins isolé, moins aride et encore peuplé de méga-faune comme le diprotodon (le mégaphone n’arrivera que beaucoup plus tard quoique certaines théories en font le descendant direct du didgeridoo).

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Diprotodon
Cliquer pour voir l’oeil, le truc qu’on voit le mieux sinon c’est son oreille
(source: wikipedia)
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Didgeridoo
(image chopée sur le web)

La révolution agricole qui a touché tous les continents, permettant la sédentarisation et le développement des techniques comme la poterie, la métallurgie et Bitstrips a épargné l’Australie jusqu’à l’arrivée des anglais.

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C’est ma terre sacrée, je n’ai pas besoin de la cultiver pour qu’elle me nourrisse
(Bitstrip de ma composition)

Les théories divergent quant à l’ampleur de la population aborigène à son apogée mais on l’estime à moins d’un million d’individus, probablement dans les 500 000, à l’arrivée des Britanniques. Les épidémies, l’introduction du sucre, de la farine et de l’alcool, pour lesquels leur métabolisme n’était pas prêt, n’ont pas arrangé les choses. D’aucuns ajoutent que la poudre à canon n’a pas aidé non plus. C’est bizarre, quand même, ça avait tellement réussi aux occidentaux…

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(c) Matt Groening

Donc, deux cultures se rencontrent, l’une établie sur le territoire depuis le mardi précédant l’installation de l’autre sur sa terre d’origine (vous suivez ?), l’autre persuadée qu’elle a le devoir de civiliser la première qui, quand même, est restée coincée à l’âge de pierre et n’a même pas entendu parler de Justin Bieber ou de Nabila (anachronisme, certes, mais vu les 40 millénaires qui séparent les deux cultures en questions, vous me permettrez ce glissement de 230 petites années). Curieusement, elles ont du mal à se comprendre.

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Non mais quoi? Bla bla quoi, quoi ?
reconstitution approximative
(images chopées sur le web)

Pour être honnête, l’Angleterre ne sait pas vraiment trop quoi faire de cette nouvelle terre australe. Elle se verrait bien recommencer la conquête des Amériques, mais aucune puissance coloniale ne vient lui mettre de bâtons dans les roues, du coup, bah c’est pas drôle. Alors elle y envoie ses bagnards. C’est la mode, dans ces années-là, d’envoyer les prisonniers en vacances au bout du monde. A un moment, comme ça ne rapportait pas grand chose, les Anglais ont même envisagé de plier bagage. Seulement démanteler Sydney aurait coûté plus que ce qu’il avait fallu dépenser pour la fonder… Du coup, ils sont restés.

(image chopée sur le web)
(image chopée sur le web)

Il faut dire que l’Australie, c’est loin, c’est chaud, et il n’y a pas grand chose au milieu (ceux qui ne l’ont pas encore compris en lisant le récit de notre road-trip peuvent toujours revenir quelques articles en arrière). Mais il y a quand même eu des gens pour croire que ce serait bien le diable s’il n’y avait pas, je ne sais pas, une mer intérieure, un grand fleuve du style le Nil ou quelque chose à découvrir… Ils sont allés voir, et ils sont morts. Enfin pas tous, mais il y en a au moins deux qui sont devenus célèbres juste comme ça: en mourant sur la route du retour parce que, comme ils mettaient un peu trop de temps à revenir, leurs potes qui devaient les attendre au camp étaient repartis sans eux. (Cette histoire est véridique, vérifiez vous mêmes « Burke & Wills » si vous ne me croyez pas).

Burke & Will  Ils ont une statute beaucoup plus héroïque
Burke and Wills…
vers la fin du voyage
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Burke and Wills
Statue héroïque à Melbourne

La première grande richesse de l’Australie a été le commerce de la laine. Le mouton étant un animal assez adapté aux paysages locaux, il a été élevé en masse par les colons et les bagnards libérés. Dans un premier exercice de mondialisation, la vente de laine à l’Angleterre a permis à l’Australie de développer des fortunes agricoles en terre australe, et la perfide Albion a pu en profiter pour libérer des terres d’élevage au profit des cultures qui ont nourri sa population grandissante avec la révolution industrielle. Bon et puis après on a commencé à trouver de l’or…

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D’accord, mais les aborigènes, dans tout ça? Comme la plupart des populations autochtones dans les colonies européennes, ils avaient la malchance d’être « assis » sur une terre qui pouvait profiter à un plus grand nombre si on la gérait autrement, en surface avec de l’élevage extensif (mais sur propriété privée, bien sûr) et en profondeur avec des exploitations minières. « Quoi ? On creuse sur des terres sacrées depuis 40 000 ans ? Hé, mais grandis, gamin, il y a de l’or, là dessous! Ohh, j’oubliais, tu ne peux pas comprendre, tu n’as pas encore trouvé le moyen de faire bouillir de l’eau et tu ne connais pas Nabila! »

Le geek voit ça:

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Sauf que les « sauvages » ne réussissent pas à repousser l’envahisseur (pas assez d’Ewoks dans le bush, j’imagine) et que les colons continuent d’affluer. On instaure une belle campagne d’incitation pour les britanniques avec voyage payé et accompagnement de l’état dans les premiers pas sur le territoire. On est un peu moins accueillant avec les autres, et franchement hostile aux chinois. Ce qui fait que l’Australie jouit pendant longtemps d’une sorte de « pureté ethnique » et de liens très privilégiés avec la Grande Bretagne, plus que le Canada où sévissent les maudits français et bien plus que les Etats-Unis, évidemment qui eux ont fait la révolution (aidés par les maudits français).

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– Avez-vous déjà été condamné pour un crime?
– Non, désolé, je ne savais pas que c’était encore une condition pour entrer.

Malgré tout l’histoire continue, les colonies australes se développent, gagnent leur indépendance sans passer par la case révolution grâce au combat des Canadiens et finissent par se fédérer le 1er janvier 1901, un mardi… coïncidence?

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L’Australie moderne est un pays multiculturel qui n’embête pas grand monde.

Elle a officiellement rendu Uluru aux aborigènes le 26 octobre 1985… un samedi, comme quoi tout fout le camp!

(Enfin, sauf que le geek voit ça:

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mais bon…)

Pour ceux qui en voudraient plus, voici un complément de ce résumé en cartoon (et en VO mais les images parlent d’elles-mêmes)

Et dans le prochain épisode, on arrive enfin au Dreamtime, qui est quand même le fruit de cette quête.

A suivre…

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